Extrait du bulletin de la Société des Sciences de Semur-en-Auxois édition 2016 (Vie de la société en 2016)
Autre étymologie, le président a voulu revenir sur l'appellation du Prix RHEA :
Quand nous l'avons créé, voici 10 ans, j'ai tenu à ce que l'acronyme de sa définition puisse se prononcer, d'une part, et cache une signification, d'autre part.
Et RHEA recouvre une interprétation mythologique. On connaît même deux Rhéa dans l'Antiquité. Une, relativement mineure, est Rhéa Silvia, la mère de Romulus et Remus. Les bons pères qui me l'ont fait connaître m'avaient expliqué pudiquement l'origine de sa grossesse : elle avait été « approchée » par le dieu Mars. Étant vestale, elle aurait dû être brûlée, et ses enfants aussi ; on sait la suite, avec l'allaitement des enfants abandonnés dans la forêt par la louve.
Chez les Grecs anciens, Rhéa était tout autre : fille d’Ouranos (le ciel) et de Ge (la terre), elle épousa son frère Cronos (Saturne), qui détrôna son père. Cependant, l’oracle l’avait prévenu qu’il serait lui aussi un jour détrôné par son fils. Aussi dévorait-il ses enfants au fur et à mesure qu’ils naissaient. Heureusement pour la suite de la généalogie Rhéa sauva Zeus (Jupiter) en faisant manger à sa place à son époux un gros caillou emmailloté. Zeus eut comme fils Apollon et, Rhéa, bonne grand-mère, aida à sa naissance, laborieuse car il eut une jumelle, Artémis. Apollon nous est doublement proche, à Alise et à la Société des Sciences : l’Apollon de l’Opéra de Paris a été sculpté par Millet, l'auteur de la statue de Vercingétorix ; et le temple qui est en cours de fouille à Alise sur un terrain de la Société était dédié à un avatar d'Apollon, sous le nom indigène de Moritasgus.
La grand-mère d'Apollon, Rhéa, est donc bienvenue pour ‘marrainer’ notre Prix. (Marrainer n'est apparemment pas encore au dictionnaire, mais la Société des Sciences se doit de ne pas être à la traîne dans l'évolution de l'orthographe et l'abolition des sexes !).